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Les Louanges : La nuit est une panthère

Dernière mise à jour : 4 mars 2020

Qu’est-ce que la nuit? Que représente-t-elle? Sa définition scientifique est claire : c’est la période comprise entre le crépuscule et l’aube. Toutefois, cette dénotation ne nous aide pas à cerner avec netteté son sens symbolique.

D’abord, ce mot, ou plutôt l’idée qu’il renferme, peut s’observer sous différents angles. Son obscurité, pouvant dissimuler une panoplie de périls, évoque le danger : on ne sait pas à quoi s’attendre d’elle, puisque l’on ne peut discerner à coup sûr ce qui s’y cache. Pour les travailleurs, la nuit correspond au répit, au soulagement de pouvoir enfin regagner son lit et de s’y allonger pour obtenir une nuit de sommeil après une journée de travail.

Dans le cas de ceux friands de s’adonner aux plaisirs nocturnes, de ceux avides d’assister à cette transfiguration de la réalité ayant comme résultat un écosystème avec ses propres règles, sa propre ambiance, le divertissement encadre leur façon de l’envisager. Le titre du nouvel album de Les Louanges, La nuit est une panthère, fait sûrement allusion à la première manière de percevoir ce symbole. Après tout, qu’il y a-t-il de plus épeurant que d’avoir une panthère devant soi?

Curieusement, Les Louanges, dont le pluriel suggère la présence de plusieurs membres, n’est composé que d’un homme : Vincent Roberge, originaire de Lévis, et finaliste du festival de la chanson de Granby et des Francouvertes. Son histoire personnelle ne diffère pas énormément de celle d’autres musiciens : passionné depuis l’enfance par la musique, il a étudié la guitare jazz. Déjà, il a présenté son premier album, mais non premier enregistrement, cet honneur étant concédé à Le mercure, un EP qu’il a publié en 2016, devant une salle remplie à Le Ministère, une salle de spectacle montréalaise.

Catégoriser cette œuvre, qui semble insuffler un jet d’air frais dans la musique québécoise, est difficile, mais on peut remarquer des traces de funk, jazz, hip-hop, indie, R’n’B et chillwave, un genre musical aux allures de pop rétro qui utilise de façon intensive des synthétiseurs, des boucles sonores et des voix douces et considérablement filtrées. Cette variété de genres musicaux pourrait paraître étourdissante à première vue, mais Roberge réussit à les combiner en un seul qui se digère de façon quasi organique.

Les sonorités et paroles mélancoliques, omniprésentes dans la totalité de l’enregistrement, pourraient décourager certains d’en faire l’écoute. Il est clair qu’on a devant soi le produit d’un jeune homme qui cherche à trouver un sens à ce monde, si déroutant et déconcertant comme il est. Cependant, on peut retrouver quelques chansons ayant d’autres thématiques, notamment Pitou, l’insolite histoire d’un harceleur, et La nuit est une panthère, l’expression du désir pour un amour.

Un des points forts de cette œuvre est que les chansons forment une unité, un tout. Des interludes comme Amex a), Kekaula, Amex b) et Amex c) témoignent de la volonté du compositeur d’unification, de faciliter les transitions entre quelques pièces qui se distinguent trop les unes des autres. En fin de compte, l’album est plaisant à écouter et procure une expérience, sinon agréable, du moins propice aux découvertes musicales. On pourrait bien s’imaginer Roberge : « […] un poète pieux, ennemi du soleil » qui « […] dans le creux de sa main prend cette larme pâle », la larme de sa muse, la Lune, la nuit, la panthère.

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